Lorsque des acteurs majeurs du secteur des technologies et de l’industrie automobile se rapprochent pour accélérer la commercialisation des voitures sans conducteur, les assureurs ne peuvent plus se contenter de suivre l’évolution du marché : ils doivent réagir le plus vite possible. Tel est l’enseignement que nous pouvons tirer des partenariats récents, comme celui de Microsoft et de General Motors pour concrétiser la marque Cruise.
Comme nous l’avons évoqué dans notre article précédent, il est évident que les véhicules autonomes (VA) modifient fondamentalement le risque. Examinons à présent les mesures que vous pouvez envisager, à commencer par les besoins d’assurance spécifiques aux véhicules sans conducteur et les défis que notre secteur doit relever pour développer des produits adaptés.
Opportunités d’assurance pour les véhicules autonomes
Même si l’adoption des véhicules autonomes peut prendre encore quelques années, l’éventail de technologies nécessaires pour aboutir à un véhicule sans conducteur crée plusieurs opportunités pour le secteur de l’assurance IARD. On distingue généralement les cas suivants :
Véhicules autonomes neufs. Pour les véhicules sans conducteur neufs, on peut s’attendre à ce que l’assurance soit incluse dans la garantie. Les assureurs vont ainsi collaborer avec les constructeurs pour déterminer les montants de prise en charge pour les dégâts subis par les véhicules, les dégâts causés par les véhicules à des biens et la responsabilité engagée en cas de blessures ou de décès des personnes. Dans ce cas, le risque réside principalement dans la qualité des technologies matérielles (par exemple, les capteurs fournissant les données) et logicielles (le moteur de décision proprement dit).
Véhicules autonomes d’occasion et mis à jour. Lorsque les garanties des véhicules autonomes arrivent à expiration, les acquéreurs peuvent envisager plusieurs options. La plus simple serait de mettre à niveau le kit VA pour commencer une nouvelle garantie. Ce système central peut provenir du constructeur d’origine ou d’un éditeur tiers. Une mise à niveau induit un risque supplémentaire avec l’intégration du kit VA et du véhicule existant. Ce risque peut être géré par le biais d’une homologation et/ou de conditions de couverture supplémentaires.
Une autre option consiste à remplacer des sous-systèmes spécifiques afin de rétablir la couverture du véhicule. Dans ce cas, le risque supplémentaire est de s’assurer que les sous-systèmes remplacés fonctionnent comme prévu avec les composants existants. Là encore, l’homologation et/ou une couverture supplémentaire permettent de prendre en compte ces éventualités.
Il est toujours possible de conduire le véhicule manuellement pour ne pas subir le coût de la mise à niveau, auquel cas une assurance auto classique s’applique.
Sous-systèmes et kits autonomes. À mesure que les chaînes d’approvisionnement se développent, il est probable que les constructeurs de véhicules autonomes cessent de concevoir eux-mêmes l’ensemble des sous-systèmes nécessaires et qu’ils se tournent vers des partenariats. Ils demanderont alors aux fournisseurs de sous-systèmes d’assurer leurs produits. Il leur faudra homologuer les kits de conduite autonome avec des ensembles d’équipements spécifiques, identifier de manière fiable les composants matériels connectés au système de conduite autonome, et éventuellement adapter le traitement de chaque composant pris en charge. Toutes ces exigences induisent de nouveaux processus d’homologation, de test et d’audit pour veiller à ce que le risque souscrit soit connu et acceptable.
On voit déjà sur le marché des kits permettant de convertir des véhicules existants à la conduite autonome. Les opportunités offertes aux assureurs reflètent celles que nous venons d’évoquer.
Propriétaires et passagers des véhicules. À l’instar de ce qui se fait aujourd’hui, les propriétaires et les passagers des véhicules sans conducteur souhaitant bénéficier d’une couverture plus étendue que celle prévue dans la garantie chercheront sur le marché libre des polices d’assurance adaptées à leurs préoccupations spécifiques en matière de déplacements.
Usagers de services de voiturage et de transport en commun. Alors que les services de voiturage et de transport en commun devraient encore gagner en popularité avec la mobilité autonome, de nombreux passagers voudront compléter la couverture dont ils bénéficient lors de leur déplacement. Il est probable que les usagers des services de voiturage et de transport en commun souhaitent des options d’assurance en fonction du trajet, avec des périodes d’adhésion variables.
Pouvoirs publics. Pour optimiser la fluidité et la sécurité des déplacements sans conducteur, une infrastructure routière intelligente deviendra essentielle, en particulier en milieu urbain où la profusion des panneaux de signalisation est devenue la règle. Les pouvoirs publics devraient investir dans des capteurs, des caméras et d’autres technologies permettant une communication bidirectionnelle avec les systèmes de conduite. Ces investissements nécessiteront de nouveaux types de couverture pour les risques de dommages matériels et de responsabilité civile pouvant découler d’une panne ou d’un problème d’infrastructure. Ils détermineront également le risque acceptable et/ou le coût de l’assurance pour les propriétaires de véhicules. Par exemple, les grandes villes qui ne seraient pas dotées d’une infrastructure de conduite autonome pourraient constituer un risque plus grand pour les assureurs, et donc nécessiter une couverture spécifique, en plus de la garantie du constructeur.
Difficultés d’homologation et difficultés réglementaires que les assureurs doivent surmonter
Bien que les assureurs aient parfois du mal à appréhender toutes les contraintes juridiques et réglementaires qui pèsent sur l’assurance des véhicules actuels (avec conducteur), ces textes constituent un cadre vital pour évaluer le risque. Or ce cadre est essentiellement inexistant sur le marché actuel des véhicules autonomes.
Prenons par exemple la catégorie des véhicules d’occasion et mis à jour cités plus haut. Après avoir acquis un modèle de véhicule autonome ancien, le propriétaire le modernise en achetant un sous-système sur le marché libre, puis vient vous trouver pour assurer son véhicule. À l’heure actuelle, il n’existe aucune structure réglementaire ni aucune homologation permettant de déterminer la tarification du risque.
Il est donc impératif de participer activement aux instances sectorielles pour contribuer à établir le socle juridique qui vous permettra d’assurer des véhicules autonomes avec succès. Que vous soyez un assureur bien établi ou un acteur de niche, participer à l’élaboration des textes juridiques et réglementaires vous garantit que vos impératifs métier seront représentés, ce qui renforce votre position face à la concurrence.
Vous y trouverez également un autre avantage : vous aurez des informations de première main sur l’adoption des véhicules autonomes. Pour faire simple, si vous savez quels types de véhicules autonomes sont les plus prisés, vous pouvez aisément déterminer les produits que vous devez mettre au point dans l’immédiat et ceux qui devraient devenir pertinents par la suite.
Indépendamment de la gamme de produits que vous proposerez pour les véhicules autonomes, la prochaine étape essentielle de votre plan d’action consiste à adopter une infrastructure informatique capable de soutenir votre offre. Pour plus d’informations sur ce thème, consultez le dernier article de cette série : Full Speed Ahead : Adopting the Right Technologies to Win in an Autonomous Vehicle World (En avant toute : Adopter les bonnes technologies pour réussir dans l’univers de la mobilité autonome).
Pour revoir les concepts abordés dans nos précédents articles, consultez Full Speed Ahead: The Shape of Vehicle Risk in a Driverless World (En avant toute : La nature des risques liés aux véhicules sans conducteur), et Full Speed Ahead: The State of Autonomous Vehicles and What Insurers Need to Know (En avant toute : Le point sur les véhicules autonomes et ce que les assureurs doivent savoir)